Bhagavad Gita

La Bhagavad-Gîtâ, suivie du Commentaire de Sankara (extraits), traductions d’Émile Senart et de Michel Hulin, Paris, Seuil, « Points Sagesses », 2010

Texte
II, 43 : « Hommes de désir, obsédés par les plaisirs célestes, leur discours, tourné vers les jouissances et les pouvoirs magiques, se perd dans le dédale des rites et ne débouche que sur les renaissances comme fruits des actes »

II, 47 : « Tu as vocation à agir mais non à récolter le fruit de tes actes. Que ces fruits ne soient pas le motif de ton action ; mais ne t’attache pas davantage au non-agir »

II, 51 : « Les sages parvenus à la maîtrise de leur pensée délaissent les fruits des actes. Libérés des liens de la renaissance, ils vont au séjour bienheureux »

II, 56 : « Sans trouble dans la souffrance, sans attrait pour le plaisir, libre d’attachement, de colère et de crainte, cet ascète est réputé « stabilisé dans la pensée »

II, 57 : « Celui qui, détaché de tout, n’exulte pas dans la bonne fortune ni ne se révolte dans le malheur, celui-là est confirmé en sagesse »

II, 58 : « Celui qui, à la manière de la tortue rétractant ses membres, retire ses sens des objets sensibles, celui-là est confirmé en sagesse »

II, 59 : « Les objets des sens s’évanouissent pour l’âme incarnée qui n’en fait plus son aliment. Leur saveur subsiste mais s’évanouit à son tour pour qui a reconnu la suprême Réalité »

II, 60 : « L’homme éclairé lui-même voit, en dépit de ses efforts, ses sens tyranniques entraîner de force son esprit »

II, 61 : Aussi convient-il de les dompter tous et, concentré, de se fixer uniquement sur moi [la Réalité suprême, VIII, 3 : « On appelle brahman la Réalité suprême impérissable », il est incarné ici en Krishna]. Qui tient ses sens en son pouvoir est vraiment confirmé en sagesse »

II, 64 : « … celui qui traverse le monde extérieur avec des sens maintenus sous son empire, libres d’attraction et de répulsion, celui-là, âme disciplinée, accède à la sérénité »

II, 70 : « De même que l’océan où affluent les eaux demeure toujours plein et contenu dans ses rivages, de même celui en qui refluent tous les désirs atteint la paix spirituelle, mais non celui qui cède à l’attrait du désir »

II, 71 : « L’homme qui, congédiant tout désir, vit libre de convoitise, détaché du « je » et du « mien », celui-là accède à la paix spirituelle »

II, 72 : « C’est là – ô fils de Prthâ – la condition brâhmique [parfaite]. Qui l’a atteint ne s’égare plus. Si on s’y établit, fût-ce à l’article de la mort, on parvient à l’extinction en brahman [Brahma-nirvâna] »